Le prix du fait main
Les artisans et créateurs sont félicités et reconnus pour la qualité et la beauté de leurs travaux. Mais, il faut être honnête, le prix du fait main est souvent critiqué.
Aussi, je vais rappeler quelques évidences sur le prix du fait main. Et pour être le plus claire possible, je vais parler de ma propre expérience.
Un temps de travail qui ne se mesure pas
Le principe du Upcycling suppose, en amont même de l’idée d’un produit, la recherche de matières qui sont susceptibles d’être travaillées. Parfois, ce sont les brocantes et vide-greniers qui sont sources de trouvailles, d’autres fois ce sont les boutiques Emmaüs et aussi, l’entourage (qui débarrasse placards et caves). Ces temps de recherches et de tris, font partie intégrantes de l’objet en devenir. Et c’est même, un vrai plaisir. J’aime à débusquer de jolies matières, des objets et des bidules… Cette recherche peut s’apparenter à de la promenade, mais elle est pour moi, un indispensable préalable à toute création.
https://aiguillesetbricoleries.com/index.php/2019/02/24/au-plaisir-de-chiner/
L’Upcycling induit aussi beaucoup de traitements de la matière ou objet : nettoyage, démontage, réparation…
De l’idée à la finalisation du produit, il y a du temps à réfléchir la prochaine création et du temps à la conception. Et ce temps là, n’est jamais le même. Tout dépend des difficultés rencontrées, des matières plus ou moins difficiles à travailler…
Du temps, encore, pour faire les photos, les retoucher, les « poster » sur les réseaux sociaux et/ou sur la boutique en ligne.
Le coût des matières
Même dans le Upcycling, les matières ont un coût. Celui des matières chinées et des matières achetées neuves. Dans mon cas, je ne parviens pas toujours à trouver « l’huisserie » nécessaire pour un sac. Je suis donc dans l’obligation d’acheter, par exemple, une fermeture éclaire, de la sangle pour les anses, des fermoirs…
Quant on est, artisan ou créateur, on ne peut pas acheter nos matières premières en gros. Moi, j’achète en petite quantité pour des raisons de place de stockage et de trésorerie.
Le prix de la pièce unique
La pièce unique a toujours un coût supérieur à un produit qui serait fabriqué en série. Pour ma part, c’est la matière qui me guide dans la création. Aussi, en fonction de la pièce de tissu (par exemple) le patron d’un sac devra être revu (mesures, marges, espaces des poches, etc…).
C’est vrai, je reproduis parfois certains modèles. Mais ils ont rarement, les mêmes mesures et, sauf à deux ou trois exceptions, jamais le même tissu. C’est ce qui fait rajouter de la valeur à un produit, il est unique !
Le coût des nombreuses charges
Je ne vais pas énoncer la liste bien longue des charges que je dois supporter comme créatrice. Sachez par exemple, que les frais de gestion de banque sont bien supérieurs pour un compte professionnel (sans compter, les frais de commission à chaque achat ou vente).
S’ajoutent les frais de locaux, du comptable, la publicité, les impôts, etc….
Et le salaire !
Tout travail mérite salaire ! Alors, une partie du prix de l’attrape-rêves qui ornera le mur du salon, contribue à verser un salaire mensuel. Un salaire modeste… qui ne dépasse pas le SMIC !
Était-ce utile de rappeler tout cela ? Je continuerai sûrement à entendre « c’est beau ce que vous faites, mais c’est cher! »
Je vais conclure, en rappelant que vos achats contribuent à l’éco-responsabilité, à s’opposer à l’uniformisation des modes, à affirmer qui vous êtes. Alors, je vous dis bravo et merci ! Et ça, c’est gratuit !